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Ce chiffre, nous le reconnaissons, a beaucoup baissé depuis l’établissement de la digue qui joint le Mont à la terre ferme. Mais cette digue ne sert que pour les communications avec Dol et Pontorson ; vers Avranches, Genest, Pontaubault, etc., on continue d’emprunter la grève. Et les accidents aussi continuent comme devant. Qui parle, d’ailleurs, de supprimer complètement la digue ? Ce n’est en tout cas ni le Touring-Club, ni la Société des amis du Mont-Saint-Michel, ni la Société pour la protection des paysages de France, ni le Congrès des architectes, qui ont les uns après les autres émis des vœux pour « le maintien de la situation insulaire du Mont ». Tel de ces groupements se borne à souhaiter que la digue soit « modifiée », sans préciser de quelle façon ; d’autres voudraient qu’elle fût « achevée en estacade ». Mais les uns et les autres s’accordent pour demander l’arrêt du colmatage dans la baie à une distance minima de 1.500 ou 1.800 mètres. Et cet accord est sans doute très remarquable. Mais il se produit un peu tard. Les conventions sont passées, et il me paraît aujourd’hui bien difficile, sinon impossible, de contester à la Compagnie des Polders de l’Ouest le droit de s’annexer les lais et relais de mer dont elle a obtenu la concession en due forme.

Aussi bien l’opération est-elle déjà beaucoup trop avancée pour que, sauf vers l’est, la mesure qu’on préconise puisse donner des résultats. De fait, sur les 2.800 hectares concédés à la Société dans la baie du Mont-Saint-Michel (en sus des