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Mont-Saint-Michel à 635 mètres cubes par hectare.

De ce train-là l’« enterrement » du Mont n’est qu’une affaire de huit ou dix ans. La digue, à cette date, aura cessé d’être une digue pour redevenir, comme tant d’autres de ses aînées, un simple chemin communal sur remblai coupant à travers des prairies et des emblaves d’une fertilité prodigieuse. Il n’y aura plus de raison pour demander sa suppression, ni sa réduction, ni sa transformation. Et, seule, la Compagnie des Polders de l’Ouest pourrait à la rigueur s’offusquer de son maintien et trouver que, depuis qu’elle a cessé de lui servir, elle tient bien de la place dans le paysage.


III


Les partisans de la digue font valoir en sa faveur un dernier argument assez inattendu et qu’on pourrait appeler l’argument sentimental : combien d’existences, nous disent-ils, la digue n’a-t-elle pas sauvegardées !

Il est bien vrai que les sables de la baie sont traîtres. Aujourd’hui encore, le voyageur qui aborde le Mont-Saint-Michel par Avranches, Genest ou Pontaubault, doit recourir, s’il ne veut jouer sa vie, à l’expérience d’un guide. Même les voitures publiques, qui font, pendant l’été, le service entre ces localités et le Mont-Saint-Michel, sont attelées de deux chevaux en flèche, que pré-