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des capitaux considérables pour entreprendre ces grandes opérations agricoles et que les résultats rémunérateurs peuvent se faire attendre assez longtemps. Aussi l’initiative privée s’arrête-t-elle devant les embarras qu’elle rencontre dès le début ». L’État serait bien mieux inspiré en chargeant ses ingénieurs des Ponts et Chaussées et du service hydraulique de déterminer les points où les endiguements peuvent être entrepris et les dessèchements effectués. On ferait connaître ainsi les diverses zones plus ou moins avancées en colmatage et susceptibles d’aliénation. Les postulants n’auraient plus qu’à rédiger une demande, à moins que l’État ne préférât recourir au système de l’adjudication.

Quels services ne rendrait-on point, de la sorte, à l’agriculture nationale ! Le temps est loin où les créateurs de polders se heurtaient à l’hostilité des populations riveraines, qu’un farouche préjugé enchaînait au respect des « volontés de la mer ».

— Ceci est du terrain volé à la mer, disait un paysan breton à un ingénieur-agronome qui venait de construire une digue pour l’assèchement des lais du Kurnic, et le bien volé ne profite pas.

— C’est un vol qui me revient à 50.000 francs, répliqua l’autre.

— Possible ! Mais la campagne a été faite pour les paysans et la ville pour les messieurs. Si ceux-ci viennent aux champs, il n’y aura bientôt plus de place pour nous. Autrefois, quand cette baie était à la mer, elle nous la prêtait huit heures