leur avait pris. Peut-être est-il excessif de fixer la date du xiie siècle à la digue de 35 kilomètres de développement qui subsiste encore aujourd’hui et qui va de Cancale à Pontorson[1]. Un fait certain, c’est que cette digue est très ancienne ; les 15.000 hectares de terres labourables qu’elle avait permis de soustraire au flot marin furent répartis entre 28 paroisses. La valeur de ces 15.000 hectares est évaluée à 50 millions de francs (chiffre approximatif) ; leur rapport annuel à 2 millions.
Les Hollandais de Bretagne n’ont rien à envier, comme on voit, aux Hollandais des Pays-Bas. Et tout serait pour le mieux, en définitive, dans le plus plantureux des terroirs, si, gagnés par la contagion de l’exemple, les Hollandais de la Chapelle-Sainte-Anne, du Roz, de Saint-Georges, de Beauvoir, de Moidrej, de la Caserne, d’Ardavon, etc., ne s’étaient piqués d’amour-propre et n’avaient fait le projet eux aussi de s’annexer tout ou partie de la baie du Mont-Saint-Michel. Aux propriétaires riverains se joignit, pour comble de malchance, la puissante Compagnie des polders de l’Ouest, reconnue par décret du 21 juillet 1856 et qui reçut à elle seule, du gouvernement impérial, la concession de 2.800 hectares de lais de mer, compris dans un triangle limité à l’est par le Couesnon, au sud par la terre ferme et au nord
- ↑ Elle fut plusieurs fois rompue, d’ailleurs, du xiie au xviie siècle et, en 1630 encore, une marée de « gaspas » envahissait le bourg de Paluel et l’enlisait littéralement.