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bien macadamisée, qui se détache à la Bégaudière de la grand’route de Saint-Malo. Le sommet du mont est occupé par une petite tour, une chapelle, une fontaine et deux moulins désaffectés. De cette sorte de belvédère naturel, sanctifié par l’empreinte que l’un des pieds de l’archange Michel laissa sur sa crête granitique, « lorsque d’un bond, dit la légende, il s’élança du Mont-Dol sur le rocher de la baie où s’élève aujourd’hui la célèbre abbaye qui porte son nom et qui s’appelait alors le Mont-Tombe », l’œil embrasse un panorama de pays dont il est malaisé d’évaluer la superficie, mais qui ne comprend pas moins de quarante villages et de trois ou quatre cités importantes.

En hiver, la plaine qui s’étend autour du Mont-Dol, — le Marais, comme on l’appelle, — a je ne sais quoi de triste et d’austère. Tout y est mesuré, quadrillé, tiré au cordeau. Ce paysage géométrique n’est égayé que par les files des peupliers qui processionnent sur deux rangs le long des anciennes digues converties pour la plupart en chemins vicinaux. La glèbe, entre ces grands remblais rectilignes, n’est pas rousse comme ailleurs, mais grise et presque plombée. Quelle terre est-ce là ? se demande-t-on. Attendez le printemps, l’été surtout. Aux premières chaleurs, la nature prend sa revanche ; elle jette sur cet horizon mélancolique un splendide tapis d’émeraude, dont la mer, toute proche et de plain-pied avec lui, semble prolonger les ondulations à l’infini. En