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LES POLDERS DU MONT-SAINT-MICHEL




À M. Jules Roche.


I


D’Avranches à Cancale, la côte n’est qu’une interminable bande de terres basses coupées de digues, de canaux, de drains et toutes pareilles, moins les moulins, dont les tours subsistent, mais ont perdu leurs ailes, aux polders des Pays-Bas. De fait, on dirait un pan de Hollande cousu à la Normandie et à la Bretagne qui sont ici mitoyennes. L’ourlet de mer, qui festonne ce grand ruban de 35.0000 hectares, complète l’illusion. Un énorme tumulus de 65 mètres de haut rompt seul la perspective, le Mont-Dol, île autrefois[1], comme le Mont-Saint-Michel, et depuis le XIIe siècle rattaché à la terre, cerné par la culture riveraine.

Présentement le Mont-Dol est à six kilomètres de la mer ; la mousse, sur ses rochers abrupts, a remplacé les algues ; une route y mène, large,

  1. « Sur la plaine immergée qu’il dominait en ces temps lointains vint s’échouer une baleine dont un cultivateur de Cherrueix, en défonçant une pièce de terre, dégagea les restes fossiles en 1880 » (Charles Epry : le Recul des côtes).