Jésus, le premier, avait remué sur sa litière et il avait demandé à Gabriel :
— Qu’y a-t-il, Gabriel ? Pourquoi fronces-tu le sourcil ?
— Ce n’est pas sans raison, Seigneur, avait répondu Gabriel. Quelqu’un est caché ici qui nous écoute.
— Je sais, avait dit Jésus. C’est Marc-Pierre Pencallet.
— Eh quoi ! intervint Joseph, Marc-Pierre Pencallet, le fils de l’instituteur qui vous appelle un imposteur et un fourbe, ce petit païen de Marc-Pierre qui n’est même pas baptisé et qui, hier encore, blasphémait votre saint nom devant ses camarades ?…
— Il ne me connaissait pas, dit Jésus. Va le quérir, Gabriel, et veille bien à ne pas l’effrayer.
Et Marc-Pierre, il ne savait comment, s’était trouvé tout à coup transporté devant Jésus. L’Enfant-Dieu le regardait de ses grands yeux puissants et doux, et Marie s’était approchée.
— Comme te voilà fait, Marc-Pierre ! avait dit Jésus. Pauvre tête blonde, où ne devraient chanter que des oiseaux de légende et de songe et qu’on a gonflée d’une science malsaine ! Pauvre petite âme nostalgique, où dormait une si riche moisson de tendresse et où l’on n’a semé que l’envie, la rancune et l’orgueil ! Et c’est donc là l’humanité nouvelle !… Pauvre Marc-Pierre !
— Il tremble, le gredin I dit Joseph.
— Il a froid peut-être, le mignon ! dit Marie.