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Nos petits Bretons n’en sont pas encore là, du moins dans les campagnes, mais ils y viendront comme les autres, peut-être plus vite que les autres. Je sais une historiette pourtant, où le merveilleux tient une grande place sans doute et qui ne doit donc être accueillie que sous réserve, mais qu’à cause de son réconfortant symbolisme je veux rapporter ici en terminant. Elle nous enseigne, j’imagine, que le dernier mot n’est jamais dit avec une race comme la nôtre et qu’il y a en définitive quelque chose de plus puissant que la volonté des maîtres : c’est l’âme même des écoliers.

Une bonne veillée d’Epiphanie s’achevait toujours par un apologue ou un conte. Pour ne pas déroger à l’usage, voici le mien :


L’AVENTURE MERVEILLEUSE DE MARC-PIERRE PENCALLET


I


Huit ans ? Peut-être. Mais si chétif, le pauvre mioche, qu’il en paraissait cinq ou six au plus. Des jambes en fuseau, un torse où l’on eût compté les côtes, et, sur un long cou maigre, une tête énorme pour un si petit corps. Elle balançait de droite à gauche et de gauche à droite, comme prête à se détacher ; elle avait l’air d’un fruit poussé trop vite sur une tige trop frêle. Et elle eût été franchement laide sans les yeux, deux yeux