Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 3, 1910.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ralement « des étrennes à moi ». Quoi qu’il en soit, cet usage antique et solennel a été aboli par M. Drouillard, maire républicain de Saint-Pol-de-Léon, vers 1886. »

Nous tenons le coupable. Peste soit de tous les Drouillard, grands et petits, dont le premier soin, quand ils arrivent au pouvoir, est de satisfaire leur rage de destruction ! Ces sortes de gens naissent, vivent et meurent dans le culte de la médiocrité. Ils sont les ennemis personnels de la tradition et de la poésie. Leur idéal est une équerre et un cordeau. J’avais bien raison cependant, vous le voyez, de suspecter, non la bonne foi de M. Vibert, mais la survivance du pittoresque usage dont traite son article. Cet usage est défunt depuis au moins quatorze ans : un arrêté municipal l’a tué. Faisons notre deuil, par la même occasion, des mannequins symboliques : c’étaient de simples cantines, suivant la très juste expression de M. du Penhoat, et les rois mages n’avaient rien à y voir. Quant au cri d’inkinnanné, sur le sens duquel personne n’avait pu renseigner M. Vibert, il n’est pas douteux non plus qu’il soit une nouvelle variante dialectale de l’éginane traditionnel. Mais que penserait mon « vieux Breton » de la traduction qu’en tente M. du Penhoat ? « Présent du ciel », dit l’un ; « germe de la graine », dit l’autre ; « étrennes à moi », dit M. du Penhoat. Mes lecteurs choisiront. Moi, je m’en déclare incapable.