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« Je suis né à Saint-Pol-de-Léon, en 1843 ; pendant mon enfance et ma jeunesse, j’ai pris part au cortège traditionnel de l’Inkinané. Le cheval appartenait à l’hospice ; le tambour était le tambour de ville ; le conducteur, un pauvre de l’hospice ; les quatre notables, deux marguilliers et deux membres du bureau de bienfaisance. Les deux mannequins étaient deux hottes ou paniers longs dont on se sert dans le pays pour emballer choux-fleurs, artichauts, etc., etc. Jadis, quand voitures et routes carrossables n’existaient pas, ces ustensiles, paniers ou hottes, étaient les fourgons, les cantines dont on se servait pour effectuer les transports ; ces mannequins étaient fixés de chaque côté d’un bât, solidement fixé lui-même sur le dos d’un cheval. Il n’est pas nécessaire de remonter aux rois mages pour se rendre compte de cet usage ; quand mon père et son parent de Kermenguy se rendaient au collège de Sainte-Anne d’Auray, vers 1820, ils étaient installés, avec leur petit bagage, chacun dans un mannequin, et un domestique de confiance menait le cheval par un licol. L’explication du cri inkinané est plus difficile. J’ai entendu soutenir que le mot inkinané dérivait du vieux dicton « au gui l’an neuf », formule usitée dans les cérémonies druidiques (?). Mais je crois plutôt à l’opinion généralement admise : inkinané serait une abréviation ou une corruption des mots eginad dimme, litté-