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des bouteilles, des quartiers de viande, afin que le lendemain les pauvres puissent eux aussi célébrer gaiement la fête des Rois et, à chaque nouvelle munificence, la foule répète la clameur traditionnelle : inguinané, inguinané. »

Le simple rapprochement des textes témoigne que M. Vibert connaissait l’Itinéraire de Pol de Courcy et qu’il s’en est largement inspiré. Les seules variantes qu’il ait introduites dans la description de l’Itinéraire sont la réduction des quatre notables à deux et la transformation d’inguinané en inkinnané. Ce qui lui appartient en propre, par exemple, c’est le commentaire qu’il fait des mannequins. Il y voit « une vague allusion au voyage des rois mages à Bethléem. » Mais, en ce cas, il eût dû y avoir trois mannequins et, pour bien faire, le troisième mannequin aurait dû être noir. Enfin Pol de Courcy écrivait en 1864 ; M. Vibert en 1903. Ce qui était vrai il y a quarante ans l’était-il encore au commencement du XXe siècle ? Je voulus en avoir le cœur net et recourus, à cet effet, aux bons offices de M. le comte de Guébriant, maire de Saint-Pol. Avec une grâce et un empressement dont je ne saurais assez le remercier et qui n’ont pas lieu de surprendre, d’ailleurs, chez ce grand seigneur ami des lettres, M. de Guébriant s’employa aussitôt pour m’obtenir les renseignements que je désirais et fit appel tant à ses souvenirs personnels qu’à ceux de son ami, M. du Penhoat, « la personne qui, par son âge, l’intérêt qu’elle porte aux choses