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par tradition. On n’a pas davantage de renseignements, disait-il, sur la bizarrerie du cortège. Il semble bien que les mannequins à cheval sont une vague allusion au voyage des rois mages à Bethléem, mais ce n’est qu’une hypothèse. Dans tous les cas, les pauvres n’ont qu’à se louer de cet usage traditionnel, car chacun se pique de faire un don aux quêteurs… »

L’avouerai-je ? J’éprouvai, à la lecture des lignes précédentes, un vague sentiment de méfiance. Non pas que je misse en doute le fait lui-même, que Pol de Courcy avait déjà rapporté dans son Itinéraire :

« En conservant l’esprit des anciens temps, dit cet auteur, Saint-Pol en a aussi gardé plusieurs usages. Tous les ans, la veille de la fête des Rois, on promène dans les rues un cheval dont la tête et les crins sont ornés de gui, de lauriers et de rubans. Il porte deux paniers, dits mannequins, recouverts d’un drap blanc. Conduit par un pauvre de l’hospice et précédé d’un tambour, il est escorté par quatre des plus notables habitants. Une foule d’enfants et d’oisifs suit en poussant de grands cris ce bizarre cortège, qui s’arrête devant chaque seuil pour recevoir les dons de la charité publique ; les uns remettent de l’argent aux quêteurs, d’autres entassent dans les paniers du pain,