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la fin de l’année, les jeunes garçons frappent sur les portes des maisons en criant : egin an ad, « germe de la graine », pour réclamer des étrennes. »

De quelles villes de Bretagne parlait Henri du Rusquec ? Il est dommage que nous ne le sachions pas. Pour mon compte, je n’ai guère entendu pousser l’eginanad, ni l’eginad, ni l’eginane dans le Trégor. Les gamins qui, dans mon enfance, à Lannion, s’en allaient de porte en porte, le soir des Rois, demandant la « part à Dieu », se bornaient à crier : kouignaouan ! kouignaouan ! Chacun sait ce qu’est un kouign en Bretagne : on désigne de la sorte une manière de tarte aux pommes assez grossière. Mais j’ai bien peur que kouign, nonobstant sa consonnance farouche, ne soit pas breton pour un sou ; de fait, on le retrouve en Picardie, en Flandre et en Lorraine, car il est bien évident que cuignoux, cuignots, cuignets, cagneux, quenioles, etc., qui désignent également dans ces provinces des tartes aux pommes épiphaniques, ont la même racine que kouign.

Au temps de La Villemarqué, la tournée de l’aguilaneuf se faisait, paraît-il, dès le lendemain de Noël et se poursuivait jusqu’au soir des Rois. Les pauvres de la paroisse, précédés d’un vieux cheval que décoraient des rubans et des lauriers, s’en allaient de ferme en ferme et de village en village, pour chercher leurs étrennes. Ils les demandaient en vers, suivant l’habitude bretonne. Entre le chef de la troupe et le penn-ty, devant la