Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 3, 1910.djvu/105

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une corruption bretonne de l’ancien cri français : Aguilaneuf. Ce serait plutôt, m’écrit un « vieux Breton » de Vitré, lequel prétend avoir communiqué sa découverte à La Villemarqué, aguilaneut qui dériverait d’eginane.

« En effet, continue mon correspondant anonyme, l’expression eginane se compose de trois mots : egin ann euw qui se traduisent : « présent du ciel. » Au surplus, pour exprimer le mot présent ou étrenne, on dit en gallois : eginyn ou eginad ; en irlandais : eigan ; en gaélique : eigin. »

L’explication est séduisante. Mais, en matière d’étymologie, l’expérience nous apprend qu’il faut se défier des explications séduisantes. Et puis on a tant discuté et disputé sur ce mot d’eginane que la question, qui ne fut jamais très claire, a fini par devenir tout à fait obscure. D’ailleurs le mot a plusieurs formes, dont eginad, qui n’est nullement particulier au gallois et qui s’emploie aussi chez nous. Feu Henri du Rusquec l’orthographie de la sorte dans son Dictionnaire du dialecte de Léon, paru en 1895, et le fait venir d’egin, germe, et de ad, blé.

Je me garderai bien de me prononcer entre le « vieux Breton » et Henri du Rusquec. Mais voici une indication précieuse que nous devons à ce dernier auteur :

« Dans certaines villes de Bretagne, dit-il, vers