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comédie renouvelée des Grecs et des Romains — au dénouement près qui, chez ces derniers, manquait un peu d’agrément, le roi de la fève, tiré au sort parmi les pensionnaires des ergastules, étant généralement pendu haut et court à l’issue du festin !

Mais la plus grave dérogation au rite des anciens repas épiphaniques, c’est, sans contredit, l’abandon où est tombé dans les villes et même en beaucoup de campagnes le touchant usage de la « part des pauvres. » Vous vous rappelez, dans le Barzaz-Breiz, le cantique des étrenneurs, ce Troad ann Eginane ou Tournée de l’aguilaneuf, que La Villemarqué a sans doute quelque peu arrangé, suivant son habitude, mais dont le fond du moins n’est pas apocryphe :

In nom’ne Patris et Fili,
Doue dho pennigo enn ti !
Eginane ! Eginane !

« In nomine Patris et Filii, Dieu vous bénisse en cette maison. — Des étrennes ! Des étrennes !… »

Eginane signifie-t-il « étrennes », comme le traduit La Villemarqué ? Étrennes en breton se dit kalannad (présent des calendes). Cependant, Le Pelletier, cité par Troude, assure que de son temps les jeunes garçons s’en allaient par les rues des villages, criant : Va eginad ! « mes étrennes ! » On a vu dans ce mot eginad ou eginane