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mort d’un oncle l’avait remis à flot. Il en profita pour rédiger ses souvenirs universitaires et brosser de sa ville natale le petit portrait que je recommandais tout à l’heure à votre attention…

Quel portrait. Seigneur ! Un bibliophile complaisant — l’espèce en est rare, mais elle existe, — me l’a mis récemment sous les yeux. Il est bien vrai que Tréguier y est appelé Toullous et, pour qu’aucune contusion ne subsiste, l’auteur a pris soin d’expliquer le mot dans une note.

« Toullous, ajoute-il, est une petite ville de 4000 âmes possédant une belle église gothique et un joli pont moderne. L’église fût bâtie, il y a cinq siècles environ, par les ancêtres des habitants actuels, aidés des aumônes recueillies dans les pays environnants et des offrandes apportés par les nombreux pèlerins. Aussi les habitants sont-ils, à juste titre, très fiers de leur église. Quant au pont, construit ces dernières années, les Toullousains en furent si émerveillés que le Conseil municipal voulut consacrer cet événement en faisant graver sur la première pierre l’inscription suivante : « Ce pont a été construit ici. » Ce ne fut qu’à grand peine que le maire parvint à empêcher cette manifestation de l’enthousiame populaire. »

Voilà qui n’est pas mal déjà et les Trégorrois sont bien arrangés dès ces premières lignes. Mais que dire des suivantes ? L’auteur, tout en s’excusant de cette classification, « qui a l’air de reporter le lecteur au moyen-âge », y divise les habitants de Toullous en trois catégories : la noblesse ; la bourgeoisie ; le peuple.

La noblesse est représentée par le comte de Kerné-