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gorge[1] bien faite, la main blanche, et bien faite la jambe, et le pied fort petit, l’humeur enjouée, toujours prête (sic) à danser, beaucoup d’esprit, fort vif, tendre dans ses amours[2], aimable dans la conversation, aimé de tout le monde et de moi particulièrement. »

Voilà bien un portrait de l’époque, et nos aïeux ne peignaient point autrement : ils faisaient bon marché des particularités physiques et ne relevaient de l’exemplaire humain que ce qui s’y voyait de général, réservant les subtilités de leur analyse pour le dedans La mémoire du petit Frère pouvait suppléer d’ailleurs, sans beaucoup de peine, aux défaillances de son pinceau. Trois lignes cryptographiées, au bas de la page, nous donnent à cet égard toute assurance :

« Je l’ai tenu entre mes bras per sexdecim horas, super cubiculum 21 may. »

Et nous comprenons maintenant pourquoi Marie-Anne Durivaux, qui s’était montrée si généreuse à l’égard du petit Frère, voulait qu’il conservât l’éternel souvenir du 21 mai 1742. C’était une date en effet pour tous les deux, puisque ce jour-là, seize heures durant, ils s’étaient donné des preuves de leur commun attachement. Rassurons du reste nos lecteurs : l’aventure n’eut point pour théâtre une cellule de l’abbaye, mais bien une maison particulière de Quimperlé et probablement même la maison d’une certaine Mme Loupsan, où Marie-Anne et François s’étaient retrouvés la veille du départ de celui-ci pour Langonnet. Le Grégoire fut en tout cas remis au petit Frère dans

  1. Le mot est cryptographié.
  2. Même remarque que ci-dessus.