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en 1742, à l’abbaye de Langonnet, fondée au commencement du XIIe siècle par la pieuse Ermangarde et son fils Conan III, duc de Bretagne. L’abbaye de Notre-Dame de Langonnet est au Cœur de la Basse-Bretagne, sur les bords de l’Ellé. Les cisterciens qui l’ont bâtie firent preuve, à leur habitude, d’un réel sentiment des beautés naturelles et il ne se peut voir, en pays plus sauvage, d’oasis plus riante et plus à souhait pour les yeux. Par malheur La Fontenelle passa par là et, où le brigand avait passé, l’ortie et la ronce poussaient dru. Après La Fontenelle, ce fut le tour des Bonnets-Rouges. La pauvre abbaye n’était qu’une ruine à la fin du XVIIe siècle ; il fallut la rebâtir, à quoi s’occupèrent Dom Paul de Bonacourcy, les Marbœuf et le prieur de l’abbaye, François Perrin, Dr en Sorbonne. Les nouveaux bâtiments n’étaient point achevés en 1742, et Langonnet, qui avait compté tant de religieux, n’en possédait plus que dix, sept profès et trois novices.

On veut croire que François Dargelos était parmi ces derniers et qu’il n’avait point encore prononcé ses vœux. Peut être rentra-t-il dans le siècle, quand il eut connu par expérience la fragilité de ses sentiments monastiques. Mais ce ne sont là que des hypothèses et l’on ne saura probablement jamais ce qu’il advint du petit Frère et de la belle Marie-Anne Durivaux. La seule chose qui soit certaine est qu’ils s’aimèrent, se l’avouèrent et se le prouvèrent, comme il n’appert que trop des confidences du principal intéressé.

Ces confidences, François se flattait naïvement que personne ne les recueillerait ; pour plus de sûreté, il