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exemplaire de cette édition rarissime qu’il s’agit. Le dit exemplaire appartenait à Marie-Anne Durivaux (Hic liber pertinebat ad Mariam-Annam Durivaux, nous apprend une petite note manuscrite au recto de la première garde) et fut offert par elle au F. François Dargelos, le 21 mai 1742 (sed illum dedit F. Francisco Dargelos die 21a maji anno 1742).

Pourquoi Marie-Anne Durivaux offrait-elle au F. François Dargelos un exemplaire de la Grammaire françoise-celtique du P. Grégoire de Rostrenen « qui contient tout ce qui est nécessaire pour apprendre par les règles la langue celtique et bretonne » ? Cette grammaire était encore une nouveauté ; son succès avait été fort vif dès l’origine ; enfin le P. Grégoire était de Rostrenen, c’est-à-dire d’un pays voisin de celui qu’habitait François. Donc le cadeau n’était pas dédaignable et avait même une certaine valeur. Il était destiné, dans l’esprit de Marie-Anne, à rappeler éternellement au petit Frère la date du 21 mai 1742 : « Ego Maria-Anna Durivaux — je continue à transcrire les notes manuscrites de la première garde — dedi hunc librum Francisco Dargelos ut in sud semper teneret memoriâ Diem 21am maji anni 1742. » Et nous nous posons avec angoisse, après avoir lu cette note, une nouvelle et décisive question : que s’était-il donc passé de si extraordinaire, en ce jour du 21 mai 1742, pour que Marie-Anne Durivaux ne voulût point que François Dargelos en perdît jamais le souvenir ?

Ce qui s’était passé ? Mais j’oubliais que, manquant à tous mes devoirs d’historien, je ne vous ai présenté encore ni le petit Frère ni son amie. Nous sommes