pentes ; celles sur Paimpont, « la Brocéliante des trouvères et des poètes », avec sa fontaine Baranton et « la pierre où Merlin et Viviane chuchotaient au crépuscule » ; celles sur la lande de Lanvaux, « immensité hostile, le plus violent et le plus terrible décor pour la mélancolie humaine » et tel que, par un soir de vent d’ouest, fouetté d’averses, on en rêverait aux imprécations du vieux Lear… S’il est impossible de citer toutes ces belles pages, du moins qu’on me permette de transcrire ici le bref et délicieux couplet sur la pluie bretonne :
« Il ne faut pas aller en Bretagne si l’on n’aime pas la pluie. Elle a son charme monotone. Elle repose de l’éclat du soleil, des couleurs nettes, des paysages trop vite aperçus. Elle embrouille tout sous ses écheveaux, qui sont ici presque invisibles, à ne pas trop savoir si c’est de l’eau qui tombe ou une brume qui erre. Elle crée une étendue mystérieuse où les formes surgissent lentement, laissant à deviner les collines, les arbres, les maisons, les rares passants. Elle est aussi la magicienne qui fait évaporer les parfums des feuillages et du sol, et c’est un délice que de respirer l’odeur des verdures et de la terre, à travers laquelle se joue la rude brise saline qui vient de la mer invisible. »
M. Geffroy excelle à ces impressions personnelles, comme aux larges et fortes généralisations qui condensent en une page, en dix lignes quelquefois, tout l’essentiel d’une ville ou d’une région. Des erreurs ? Des oublis ? Il y en a sans doute dans son livre — comme dans tous les livres du même genre —, mais