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LA « BRETAGNE » DE GUSTAVE GEFFROY




Je tiens de M. Henri Polez que, rencontrant un jour à Oxford le professeur Rhys, il n’entendit pas sans surprise le savant celtologue déplorer que Renan n’eût pas appliqué à l’étude de sa langue maternelle les admirables facultés qu’il tourna si inconsidérément, et pour un résultat si médiocre, vers l’étude des langues sémitiques.

Le « cas » de M. Gustave Geffroy — Breton par ses origines et dont l’œuvre, toute de critique et de sociologie, demeura si longtemps étrangère à la Bretagne, — ne laissait pas d’inspirer à plusieurs un regret analogue : il leur semblait que cette nature fine et nuancée, sobre, mélancolique, presque austère, dût s’harmoniser merveilleusement avec le pays qui l’avait formée. Et peut-être ne se trompaient-ils pas. Les Notes d’un Journaliste, l’Enfermé, Yvette Guilbert, l’Apprentie, les Musées d’Europe, etc., sont loin, comme on dit dans le jargon mis à la mode par les disciples de Le Play, d’être des contributions dédaignables à l’étude des phénomènes sociologiques, littéraires et artistiques de ce temps ; ils n’ont un peu perdu à nos yeux que par le rapprochement avec Pays d’Ouest, émeraude isolée dans ce collier de belles œuvres d’un éclat plus amorti et le premier livre (1897) où M. Gustave Geffroy se soit souvenu de ses origines,