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« comme des nains devant des géants » ; Raynouard, Fauriel, de Rémusat firent chorus ; Augustin Thierry, à qui La Villemarqué avait communiqué l’émouvante ballade Ann Distro cuz ar Vro-Zaoz (le Retour d’Angleterre), la cita parmi ses pièces justificatives de la présence d’aventuriers bretons dans l’ost de Guillaume le Conquérant. Et l’Institut, sans se faire prier, ouvrit ses portes à l’homme qui avait fondé chez nous la science du folk-lore et restitué à la race bretonne ses titres de noblesse perdus depuis Jules César.

À la vérité, Souvestre, qui était né à Morlaix et avait vécu dans l’intimité de l’âme populaire, marqua bien quelque surprise de la perfection soutenue des chants du Barzaz-Breiz. Seule note un peu discordante dans le concert d’acclamations et d’éloges qui montait autour de La Villemarqué ! Quel téméraire, quel nouveau Malcolm Laing eût osé mettre en doute l’authenticité du Barzaz ? Renan lui-même y fut pris : l’article fameux de la Revue des Deux-Mondes sur la Poésie des races celtiques (1854) est si peu une déclaration de guerre à La Villemarqué que celui-ci s’en autorise et le cite à plusieurs reprises, avec une gratitude émue, dans les éditions postérieures de son recueil. Je me permets de renvoyer Mme de Boisanger aux pages XVII et LX de l’introduction du Barzaz. Elle y verra combien sa piété filiale l’égare et qu’il n’est plus permis, quand un a lu ces pages, de dire que « c’était Renan qui avait attaché le grelot » et donné le branle aux « détracteurs » de La Villemarqué.