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Les causes perdues — , Michelet a dit le mot que la galanterie suspendait au bout de ma plume. Il n’est point pour embarrasser Mme de Boisanger, qui, si M. de La Villemarqué a perdu son procès devant l’opinion, n’hésite pas à en accuser Renan. L’accusation étonnera : elle tendrait à faire de l’auteur du Barzaz-Breiz la victime d’une obscure machination anticléricale ; elle est grave surtout dans la bouche de Mme de Boisanger, qui est la fille de M. de La Villemarqué.

Avons-nous donc chez Mme de Boisanger l’écho attardé de la pensée paternelle ? Il est permis de le croire. Et l’on peut remarquer aussi que Mme de Boisanger n’a pas hérité de son illustre père cette stoïque impassibilité qui lui fit supporter en silence — un imperturbable silence de vingt-sept ans — la plus formidable tempête dont ait été battu le front d’un membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. De 1868 à 1895, date de sa mort, ce grand poète fut traité comme un vulgaire charlatan ; on l’accusa d’avoir outrageusement mystifié ses contemporains. Il ne protesta pas. Il ne se récria pas davantage quand le savant Joseph Loth lui ferma, de propos délibéré, en 1890, sa Chrestomathie bretonne, où il n’avait voulu faire entrer que des textes rigoureusement authentiques.

Résumant la longue enquête de ses devanciers, M. Loth distinguait trois sortes de chants dans le