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demeure au village de Pont-ann-C’hlan, en Pluzunet, arrondissement de Lannion. »

Ces lignes sont de 1874. Marguerite Philippe, en 1874, n’était déjà plus une jeune femme. C’est aujourd’hui une septuagénaire. Mais, par un privilège bien rare, cette aïeule a conservé toute la fraîcheur de sa mémoire et de sa voix.

J’en pus faire l’expérience dès le lendemain de mon pèlerinage à Keramborgne. Bien que les deux communes soient limitrophes, de Plouaret à Pluzunet la traite, pour un piéton, semblerait un peu longue : on l’abrégera en empruntant la voie ferrée jusqu’à Kerauzern. Pluzunet est encore à deux bonnes lieues de cette station : la route, après avoir quitté le plateau, sinue à travers un romantique paysage de futaies, de rochers et de landes ; elle franchit à Pont-Locer les eaux vives du Léguer, escalade une colline boisée qui prolongeait jadis jusqu’à cette rivière l’apanage des hauts et puissants seigneurs de Coëtnizan et, par un dernier raidillon, débouche à Pluzunet même sur une grande place rectangulaire ombragée de vieux ormes et dont l’un des côtés est occupé par le cimetière et l’église.

Tout cimetière breton qui se respecte doit avoir son if funéraire, contemporain de l’église et quelquefois plus ancien qu’elle : c’est le cas pour l’if de Pluzunet qui s’est nourri pendant une demi douzaine de siècles du suc des générations couchées à son ombre, alors que l’église, rebâtie en 1857, ne compte qu’un petit total d’années. Mais le style du monument est assez bon et l’architecte a pris soin d’épargner un joli