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« C’est réellement le cœur de la Bretagne qui bat en ces chants spontanés, écrivait Luzel dans la préface des Gwerziou. J’ai conservé scrupuleusement la langue telle que me la donnaient nos rustiques rapsodes sans l’épurer ni la vieillir. »

De ces « rustiques rapsodes » dont parle Luzel, bien peu demeurent aujourd’hui. Où sont Garandel, surnommé Compagnon l’Aveugle, le tisserand Pierre Kourio, le sabotier Renan et ce Jean Kerglogor, le vieux barde nomade qui avait fait les grandes guerres de la Révolution et de l’Empire et dont l’œil « bouillait encore quand on parlait de ses frères d’armes » ? Où sont surtout les chanteuses et les conteuses habituelles du savant folk-loriste, Barbe Tassel, Marie-Josèphe Kerival-Godic Rio, Anne Prigent, Anna Salie, Jeanne Le Gall, Marie-Job Kado, Marie-Anne Le Noan, etc, etc. ?

    face de son crû qui donnait sur la vie, les goûts, les projets de la jeune poétesse, les détails les plus précis. Fiona fut tout de suite célèbre par le monde et j’ai parfaitement souvenir qu’à Cardiff, lors de la grande Eisteddfod panceltique de 1899, on nous annonça comme un événement son arrivée imminente dans la capitale des Galles du Sud. Au dernier moment Fiona se ravisa. Ce fut une grosse déception pour ses admirateurs. Ils en connurent une plus grande le jour qu’ils apprirent, par une déclaration posthume de William Sharp, que la fameuse poétesse calédonienne était morte avec lui. Et, comme le public déteste les mystificateurs, on estima généralement, à partir de 1905, que le talent de Fiona Mac Leod avait été considérablement surfait.