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le monde meilleur. Et que ta reine, ô Artur, soit une avec toi et que cet ordre de ta Table-Ronde remplisse l’espoir illimité que tu as placé en lui ! »

Le vénérable confesseur, qui répandait sur le couple royal prosterné devant lui le miel de ces douces paroles, devait être le dernier primat de Caerléon : son successeur, saint David, qu’importunait le bruit des cités, transporta dans la solitude, à Ménévia [1], le siège de la primatie des Galles.

Ce fut un coup terrible pour Caerléon. Les troubles qui marquèrent les dernières années d’Artur, puis les invasions saxonnes, précipitèrent sa décadence. Au douzième siècle cependant, époque où vivait Girald le Cambrien, Caerléon gardait encore un reflet de sa splendeur passée :

« On y voit, écrivait dans son Itinerarium Cambriæ le Pausanias gallois, les ruines de plusieurs palais splendides, dont les toits dorés rivalisaient avec ceux de Rome, une tour gigantesque, des bains, des débris de temples et un théâtre, dont les murs subsistent en partie. On y voit à l’intérieur et au dehors de l’enceinte des constructions souterraines, des aqueducs, des passages voûtés, et, ce qui me parut le plus remarquable, des tuyaux si habilement disposés qu’ils distribuaient leur chaleur à travers de petits trous cachés et imperceptibles. »

C’est ce que nous appelons aujourd’hui des calorifères. L’invention plongeait le bon Girald dans une

  1. C’est aujourd’hui Saint-David, Ty-David (la maison de David) en gallois.