chises nationales, un de ces gentilshommes-laboureurs surnommés les Épées de fer et qu’on eut pu surnommer aussi bien les Caboches de fer, qui, dédaigneux des modes de la cour, se rendaient en sabots et en chupen aux États de Bretagne, conspiraient avec Pontcallec et Talhouet, se battaient à Saint-Cast avec le duc d’Aiguillon et passaient le reste du temps sur leurs guérets où on ne les eût point distingués des autres paysans de la province, « liés qu’ils étaient à eux, dit un historien, par les mêmes intérêts, les mêmes travaux, la même langue, le même culte et le même idéal patriotique. »
Quelques nobles aujourd’hui encore, étroitement mêlés à la vie rurale, exercent autour d’eux un magistère analogue à celui de ces anciens chefs de clan. Mais leur sphère d’influence ne dépasse pas le petit cercle de la paroisse ou du hameau, et la politique de clocher — si mesquine et si vaine — absorbe le meilleur de leur activité. Presque partout, d’ailleurs, en Bretagne, des puissances nouvelles se sont substituées aux puissances du passé : s’il est une superstition dont le Breton soit affranchi, c’est bien celle de la particule, mais, comme l’a très bien montré M. Pierre Baudin reprenant une opinion du géologue Barrois, la structure de la péninsule armoricaine en a fait une région à civilisation lente. Pour ne s’être pas pénétrés de cette vérité essentielle, pour n’avoir pas compris que le conservatisme breton, comme à l’autre bout du territoire le conservatisme lorrain, sont les freins nécessaires aux impétuosités du sang méridional et qu’ « il importe à l’avenir d’une nation que ses