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reuse, des terres chaudes et humides, le vallonnement du sol l’y invitèrent de tout temps. C’est à peine si quelques cheminées d’usines, pointant à travers le feuillage, troublent encore de leurs lourdes fumées la quiétude des alentours.

Et cette impression de calme, d’agreste sérénité, on la retrouve jusque dans les rues de Caerléon. Ce sont moins des rues que des routes, tant la campagne s’y insinue et y ouvre d’échappées. La gare elle-même, qui pourrait donner quelque animation à la ville, est dissimulée dans un repli de la colline. On ne saurait point qu’elle existe sans les traînées de vapeur qui montent de la tranchée, pareilles à ces écharpes de mousseline que les Tylwyth-teg, les petites fées bocagères de la mythologie galloise, déroulent pudiquement autour des tertres où l’aube les a surprises.

L’avenue en dos d’âne qui attend le voyageur au sortir de cette gare traverse d’abord une grande place nue et poudreuse, comme nos foirails bretons. On accède de là, par des embranchements successifs, jusqu’au gros de la ville, pressé autour de l’église et du musée et qui forme le quartier marchand. Encore les maisons, galonnées de glycine et de vigne vierge, perdent-elles de leurs façons bourgeoises sous cette livrée champêtre. Presque toutes cependant sont dans ce style néo-gothique qui sévit en Angleterre depuis quelques années et qui tend à devenir le style national du pays. La préoccupation de s’y conformer est visible jusque sur des masures de l’autre siècle qu’on a remises à neuf : le premier soin des restaurateurs a été d’y percer des fenêtres ogivales.