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druides et des druidesses qui ne voulurent point recevoir le baptême. Chaque siècle qui s’écoule leur ôte un pouce de leur taille : ils vont ainsi se rapetissant à mesure, se rapprochant un peu plus du sol jusqu’à ce qu’ils y aient disparu tout entiers. La vieille terre galloise, dont ils étaient le sourire, les reprendra tôt ou tard dans son sein maternel : mais c’est qu’alors la fin du monde sera venue…

Ceux de nos amis qui étaient partis à la recherche de Madoc Môn rentrèrent peu d’instants après, et la cloche du second déjeuner nous chassa de la bibliothèque. L’après midi fut pris par des courses aux environs, et le soir, groupés dans le hall autour de notre chère hôtesse, nous lui fîmes la surprise du compliment breton de Jaffrennou, magistralement harmonisé par M. Bourgault-Ducoudray et que miss Abadam interpréta de la plus délicieuse voix du monde.

Ce fut notre chant du cygne. La délégation bretonne, déjà bien réduite, allait s’éparpiller aux quatre vents. Les moins heureux devaient rallier Southampton dans la matinée du lendemain ; Grivart filait sur Liverpool ; Jaffrennou, son pen-baz au poing, partait à la conquête de la Galles du Nord ; Bourgault-Ducoudray s’informait du Snowdon et des moyens les plus pratiques pour tenter l’escalade du géant.

Que ne pouvais-je l’accompagner, dormir sur la montagne sacrée ma dernière nuit galloise, conformément au programme tracé par les anciens bardes ! Quiconque voulait entrer dans cette confrérie célèbre devait passer la nuit sur la pierre noire du Snowdon. Aux premières lueurs qui rosissaient l’orient, les