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et même, si bon leur semble, n’y en enfermeront aucun. Il suffira qu’ils les revêtent de beauté.

Ainsi a fait M. Thomas. Un de ses gracieux dessins m’avait particulièrement frappé. Cela représentait une bergère galloise, une bergère d’autrefois en bavolet et cotillon rayé et, autour d’elle, toute une sarabande de petits êtres ailés et coiffés de pétales de roses.

— Je sais depuis hier qu’il y a encore des lutins en Galles, dis-je à M. Thomas, mais j’ignorais que vous eussiez aussi des fées. À quelle espèce appartiennent celles-ci ?

— À l’espèce des Tylwyth-Teg ou fées bienfaisantes, me répondit aimablement M. Thomas. Tylwyth Teg, en gallois, veut dire proprement « la belle famille ». Je leur ai donné le costume et l’apparence qu’on leur prête d’ordinaire ; elles sont de petite taille, mais, à la différence des pwekas, elles sont fort mignonnes. Elles portent un chapeau tressé de fleurs rouges ; le reste de leur costume est entièrement vert, afin qu’elles puissent se cacher dans l’herbe et s’y mieux confondre avec elle. Ce sont des fées bocagères et sentimentales ; elles veillent sur les amours des jeunes laitières et des garçons de ferme courageux. Shakespeare, qui était un Celte égaré sur les rives de l’Avon, leur a emprunté sa fée Mab. Il n’est pas difficile de reconnaître une Tylwyth-Teg dans cette gracieuse création de l’auteur du Songe d’une nuit d’été, comme on retrouve dans son Puck notre pweka indigène. — « N’es-tu pas, lui dit-on, celui qui effraye les filles du village, — écrème le lait ; — tan-