Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/329

Cette page a été validée par deux contributeurs.

astronomiques dégénérés ? Ne vaut-il pas mieux penser, avec M. Anatole France, que les combinaisons de l’esprit humain à son enfance sont partout les mêmes et que contes et légendes n’étaient pas moins à l’origine qu’une représentation de la vie et des choses propre à satisfaire des êtres très naïfs ? Sont-ce au contraire, comme tendait à l’admettre Sainte-Beuve, les résidus combinés des religions, des superstitions diverses, celtiques, païennes, germaniques, qui, rejetés et refoulés au sein de nos campagnes, y auraient fermenté et auraient produit, à une certaine heure de printemps sacré, cette flore populaire universelle, « comme au fond des mers, où tout s’accumule et se précipite, fermente déjà peut-être ce qui éclora un jour ? » La question demeure indécise, et, si l’on avait pu nourrir un moment l’illusion que, « grâce à la somme considérable de documents rassemblés, aux recueils remarquables de toute provenance connus jusqu’à ce jour et enfin aux savantes études et dissertations parues sur la matière », une solution était sur le point d’intervenir, il en a fallu rabattre singulièrement et reconnaître, avec Luzel, que « jamais on n’a été plus loin de s’entendre ».

Quelle que soit, au reste, l’origine de ces récits populaires et qu’on les élève à la dignité de mythes astronomiques ou qu’on les rabaisse à des imaginations de nourrices, l’important, au point où nous nous plaçons, n’est pas là, mais bien seulement qu’ils existent encore, qu’il y ait des âmes pieuses pour les recueillir et des artistes pour s’en inspirer. Après quoi les artistes y enfermeront le sens qui leur conviendra,