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— Je crois pour ma part, me disait M. Bourgault-Ducoudray, que l’usage très répandu de la harpe, instrument essentiellement national, n’a pas peu contribué à « civiliser » la musique galloise et à lui enlever dans une certaine mesure l’âpreté savoureuse qu’elle dut posséder à l’origine et qui éclate encore dans nos mélodies bretonnes. Cela n’empêche pas les mélodies galloises d’être charmantes, bien frappées, expressives, pleines d’humour ou de rêverie. Ce que dit par ailleurs M. Erny de la ressemblance qui existe entre certaines de ces mélodies et les thèmes correspondants de Mozart et d’Haydn me semble parfaitement juste. Il est non moins exact que le grand Hœndel n’a pas hésité à faire entrer dans ses immortelles compositions des airs populaires écossais et gallois. Il y a cependant un point qui m’inquiète dans cette musique galloise, une énigme que je n’ai pu élucider. La musique galloise se présente-t-elle encore « à l’état spontané » ? Les paysans, les mineurs, que nous avons entendus chanter, ont tous passé par l’école. Ils répétaient docilement ce qu’ils avaient appris. Ce ne sont point là de vrais chanteurs populaires, et, pour être franc, je me demande s’il existe encore de ces chanteurs dans le pays de Galles, comme en Bretagne.

Populaires ou non, les choristes de Llanover remportèrent ce soir-là un franc succès d’enthousiasme. Nous ne voulûmes point être en reste avec nos hôtes, et, quand les chœurs eurent cessé et que, sous la douce clarté lunaire, notre petit groupe se fut répandu dans le parc, nous sollicitâmes M. Bourgault-Ducoudray de se faire notre interprète à tous en harmonisant au