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de hauteur et de grandes cheminées à chambranles. Sauf la salle à manger du rez-de-chaussée, où l’on avait disposé quelques tables et des chaises pour le lundi de cinq heures, toutes les pièces étaient vides. Cold-Brook était encore aux mains des tapissiers et des peintres qui achevaient de le mettre en état pour recevoir ses nouveaux hôtes : un fils de Mme Herbert, diplomate à Copenhague, et sa jeune famille.

Tel quel et dans sa fraîcheur récente, je n’ai point vu de château qui donnât moins l’impression d’un château hanté. Et comment hanté, et par qui ? Nous nous le demandions en visitant ces grandes salles insipides, où la lumière entrait à gros bouillons et dansait jusque dans les coins.

— Attendez d’être dans la murder’s room (la chambre du meurtre), nous dit Mme Smith.

— Et où est-elle, cette murder’s room ?

— Au second étage, dans les combles du château.

— Eh bien, montons au second étage.

Effectivement, la clef du mystère était là. Un dédale de corridors obscurs, enchevêtrés les uns dans les autres et coupés par des portes basses et cintrées, conduisait dans une petite chambre tout à fait lugubre, cette fois, baignée d’une odeur fade et cireuse qu’aucun courant d’air ne parvenait à chasser et prenant le jour ou ce qu’elle pouvait de jour par une unique fenêtre en retrait percée dans l’épaisseur de la muraille. La chambre était vide, comme toutes les autres chambres du château ; mais on ne s’en apercevait point dès l’abord, parce qu’il y avait quelque chose qui l’emplissait toute, qui lui donnait un relief et une animation