Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/306

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui plus est, que chacun de nos hôtes croyait aux revenants. J’avais lu toutes sortes de choses piquantes sur le folk-lore du pays de Galles. Mais je n’imaginais point, connaissant la haine farouche des puritains contre tout ce qui dégage un parfum d’idolatry, — idolatry et abomination sont synonymes en anglais, — que, cessant d’être papistes, les Gallois pussent être demeurés si superstitieux.

— Détrompez-vous, me dit un de nos hôtes. Ce n’est pas seulement Mme Herbert, catholique depuis son mariage, mais la plupart des gens de ce pays, excellents wesleyiens, baptistes convaincus, qui croient encore aux lutins et aux fées. À Llanover même, il y a un lutin spécial, un pwcka, comme nous disons.

— Et ce pwcka, vous l’avez rencontré ? demandai-je quelque temps plus tard à Mme Herbert.

— Moi, non, me répondit-elle sérieusement. Je n’ai pas la double vue. Mais je sais de mes gens qui ont été plus favorisés que moi. Chaque maison, en Galles, a son pwcka familier. Ce sont nos lutins domestiques. Ils ne sont pas méchants. Dieu sait, mais plutôt malicieux. Ils rendent même service à leurs hôtes et s’occupent volontiers des travaux du ménage. Tout leur plaisir est de danser la gigue sous la lune ; quand ils sont las, les champignons leur servent d’escabelles Ils n’ont de haine que contre les ministres calvinistes, qui les payent amplement de retour, je vous jure. Aussi n’est-il d’espiègleries qu’ils ne leur jouent. Quand un de ces ministres prêche dans une maison, le pwcka se faufile par derrière et tire brusquement à lui le tabouret du prédicant. Voilà le cher homme les