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du milieu et de l’heure, une attention qui nous toucha jusqu’aux larmes.

Que fut-ce donc quand nous apprîmes que la musicienne qui jouait céans n’était autre que Suzanna, la fille du vieux Gruffyd qui avait passé la mer en 1867 pour donner à nos Bretons de France un échantillon de la musique galloise ! Jadis tous les châtelains du pays de Galles avaient leur telynor attitré. Gruffyd seul, par exception, portait le double titre de telynor of Llanover et de Welsh Harper to H. R. H. the Prince of Wales. Mais le temps a fait du chemin : Gruffyd est mort et Suzanna n’est plus la mince et coquette jeune fille qui ravit là-bas Henri Martin, Luzel et La Villemarqué, et dont la harpe paternelle éveillait les arpèges de cristal. Du moins Suzanna, qui est devenue Mrs Richards, porte-elle toujours à son doigt le rubis serti d’or qui fut offert au vieux Gruffyd par les congressistes et, à son cou, la broche en mosaïque qu’elle reçut en personne lors de ces mémorables journées.

Suzanna, pour nous accueillir, avait revêtu ses habits nationaux, et nous pûmes tout à loisir admirer sur elle cet antique et pittoresque costume des femmes galloises, qui a presque entièrement disparu de la principauté et dont les petites vendeuses de l’Eisteddfodd ne nous avaient donné qu’un timide aperçu.

La pièce principale de ce costume, c’est le chapeau tromblon en feutre noir à bords plats. Un vrai monument, ce chapeau taillé en tronc de cône, haut de 50 centimètres et dans lequel il faut saluer évidemment l’ancêtre du gibus moderne. Mais combien l’ancêtre