Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/296

Cette page a été validée par deux contributeurs.

porte gothique des Tudor qui s’élevait à Abergavenny.

Une inscription en caractères gallois courait sur le fronton. On nous la traduisit :

« Qui es-tu, voyageur ? — Si tu es ami, du fond du cœur sois le bienvenu. — Si tu es étranger, l’hospitalité t’attend. — Si tu es ennemi, la bonté te retiendra. »

Il n’y eut qu’une voix parmi nous pour louer le caractère antique et charmant de cette inscription.

Nos breaks nous entraînaient dans un immense parc à l’anglaise, tout zébré du vol d’or et de pourpre des faisans et dont les éclaircies nous découvraient par endroits des hardes de chevreuils au pacage qui tournaient vers nous leurs beaux yeux familiers.

Le château nous apparut enfin. C’est une grande construction rectangulaire du style Renaissance, à toit plat, flanquée de quatre tours carrées, avec une tour plus petite qui occupe le milieu de la façade. Cela est vaste, confortable et sans grande beauté. Le vieux château, la Court of Llanover, comme on l’appelle officiellement, s’élève à quelque distance. Il est fort bien conservé encore, mais le petit nombre des pièces l’a fait abandonner et il ne sert plus que de débarras.

Lady Herbert nous attendait sur le perron du château. Je fus frappé par le contraste que faisaient ses yeux, les plus doux du monde, avec la rouge flambée de ses cheveux, ses sourcils épais, son masque aux traits énergiques et presque durs. De taille moyenne, mais relevée par un grand air de dignité naturelle, elle nous conquit tout de suite par la bonne grâce de son accueil. C’est d’ailleurs une des parures de la race galloise que cette cordialité empressée, ces manières