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la pièce n’avait ni la solidité ni l’intimité de nos mobiliers bretons, et, depuis la chaise longue tendue d’un cuir trop éclatant jusqu’aux porcelaines de faux chine plaquées contre les murs, aux chaises en acajou et aux rideaux liberty, tout sentait le bric-à-brac, la pacotille, le luxe à bon marché. Entre ce mobilier de rencontre et les respectables solives du plafond, il y avait en vérité une trop choquante disparate. Et notre hôte aussi était père d’une jeune fille, comme le Madoc Môn de Vallée ; mais elle portait un canotier noir à galons blancs, des boucles d’oreilles, un corsage rose, une robe bleue, et elle était chaussée de bottines jaunes ! Quant à l’yberdonec, je le cherchai vainement au mur : dans les fermes riches, on lui a substitué le piano ; la fille de notre hôte l’avait plus modestement remplacé par un accordéon.

Tel quel, l’ameublement de la pièce pouvait faire illusion. Mais que cachait ce décor ? Qu’y avait-il derrière ce parlour aux rideaux liberty glissant sur des tringles de cuivre rouge, selon les plus récentes prescriptions de l’esthétique anglo-saxonne ? Quitte à passer pour un indiscret, je voulus en avoir le cœur net. Je poussai une porte : je vis une grande pièce enfumée, un fourneau rouillé dans un coin, des loques qui traînaient, un chariot à coulisse où un baby prisonnier geignait lamentablement…

Je ne suis pas encore réconcilié avec les parlours gallois.