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dique de Madoc Mòn qu’il a rendu célèbre dans les Eisteddfoddau[1], Vallée, après une conversation de quelques minutes avec ce brave homme, sentit fondre l’un après l’autre tous les préjugés qu’il gardait contre les parlours.

« Le Saxon, dit il, plongé dans la matière, n’a nul besoin que l’art décore son foyer. Le Celte sans art, c’est comme la fleur sans eau ; il lui faut de la poésie, de la musique et un endroit bien calme pour chanter. Le parlour est comme le sanctuaire où le Gallois rend un culte familier à l’art national ; c’est là que se renouvelle et se retrempe son âme celtique, après le labeur de la journée. »

Madoc fit voir à notre ami le recueil manuscrit de ses œuvres, puis il lui chanta « quelque chose d’admirablement simple et beau sur Dieu et la patrie, Duw a Cymru, tandis que sa jeune fille, vêtue de blanc comme une prêtresse, jouait sur l’yberdonec une de ces mélodies celtiques qui semblent plutôt faites pour le ciel que pour la terre ».

il y a des grâces d’état pour certains hommes. Vallée, ce moine laïc qui marche dans le siècle les yeux baissés et qu’on dirait détaché par miracle d’une fresque des primitifs, Vallée a vu ce que je n’ai point vu. Dans le parlour de la Ty-Gvyn où j’entrai, un grand banc de forme cintrée, à dossier plein, faisait cloison entre la porte et la cheminée ; le mobilier de

  1. Un autre barde-ouvrier gallois, non moins célèbre que Madoc, Arwaiu Alaus, travaille aux ardoisières de Blaenau-Festiniog.