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la vallée. Il l’avait connue tout autre, peut-être, et il se lamentait intérieurement sur le présent. Mon guide le héla de la barrière et lui fit part du désir que j’avais de visiter sa maison. Il se leva poliment ; mais il garda sa réserve mélancolique et, sans aucune parole, nous ouvrit la barrière.

Des arbres fruitiers, des haricots à fleurs rouges, des castilliers et des groseillers, poussés en désordre, formaient toute la végétation du courtil. La maison était vieille et ne devait sa coquette apparence qu’à la couche de chaux vive dont elle était nouvellement badigeonnée. Nous pénétrâmes, mon guide et moi, sur les pas du vieillard, dans une pièce assez vaste qui voulait être un salon et qui est le parlour gallois.

Pas de maison en Galles, pas de chaumière, si misérable soit-elle, qui n’ait son parlour. Le parlour est comme le complet à carreaux des hommes, comme la jupe à volants et les mitaines des femmes : c’est la poudre aux yeux, la respectability mal comprise, le besoin de paraître, vice foncier des Gallois de ce temps. On a peine à s’expliquer cette déformation du caractère national : si le laisser-aller de nos Bretons de France est bien souvent critiquable, j’avoue l’aimer mieux que cette ostentation des Gallois. Ceux-ci se défendent cependant et l’on trouve de nos auteurs pour leur prêter l’épaule. Témoin François Vallée, l’érudit et modeste rédacteur de la Kroaz ar Vretoned, qui rompit plus d’une lance en faveur des parlours gallois. Fraternellement accueilli sous le chaume domestique et à la mense hospitalière d’un charpentier du nom d’Owen Lewis, plus connu sous son nom bar-