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Simple maçon pour commencer, cet Edwards gagna ses galons un par un jusqu’à devenir l’un des ingénieurs les plus renommés de la Grande Bretagne. Mais sa réputation date vraiment de l’exécution du pont sur le Taff. L’œuvre était de valeur, puisqu’elle a résisté au temps : encore le brave Edwards s’y reprit-il à trois fois pour la mener à bien. Un premier essai malheureux (1746) ne le découragea point. Le pont était à peine achevé qu’une crue du Taff l’emporta ; les culées n’offraient point de résistance suffisante. Le second essai réussit mieux (1751) ; mais le couronnement était trop mince et il fallut procéder à une réfection presque totale de l’œuvre.

Cette fois (1756), Edwards prit ses mesures en conséquence. Averti par ses échecs précédents, il pratiqua trois ouvertures dans les culées, réduisit le poids du tablier et soulagea du même coup les clefs de voûte. La portée du pont est de 140 pieds anglais avec une section de cercle de 173 pieds de diamètre. Sa hauteur au-dessus de l’eau est de 34 pieds ; la largeur du tablier de 14. Quant à sa forme, c’est celle dite à dos d’âne. Les rampes en eussent paru un peu fortes : Ewards les adoucit au moyen de gradins très larges et très bas qui pouvaient être escaladés facilement par des mulets, du temps que ces animaux servaient au transport du charbon, mais qui ne seraient point très pratiques pour nos modernes automobiles.

Nous pûmes admirer là cependant l’esprit tout à la fois progressiste et conservateur des Gallois. Ils tenaient à leur vieux pont et ils en étaient justement fiers ; mais ce pont ne s’accommodait plus à leurs besoins.