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Je m’enquiers auprès d’eux du chapitre des superstitions. Le folk-lore minier était particulièrement riche, jadis, dans le pays de Galles. On y croyait aux Coblynau ou Frappeurs, petits êtres invisibles qui, par le moyen de trois coups successifs frappés contre la paroi, avertissaient les mineurs de la présence d’un filon. Il y avait des jours, paraît-il, où on les entendait jouer de leurs maillettes par centaines ; mais, si le mineur qui travaillait aux environs s’arrêtait pour les écouter, les trappeurs s’arrêtaient aussi, afin de le punir de sa paresse plus encore que de sa curiosité.

Hélas ! les mineurs Gallois ne croient plus aux Frappeurs. Un vent de mort a soufflé sur les petits lutins de la mine : ils se sont évanouis, dissous comme fumée au contact du rigorisme protestant. C’était bien la peine qu’au dix-huitième siècle un homme grandement estimé pour son savoir, sa judiciaire et sa probité, l’ingénieur Merris, eût pris sous son bonnet d’affirmer leur existence dans un numéro du Gentleman’s Magazine :

« Des personnes qui ne connaissent pas les arts et les sciences ou le pouvoir secret de la nature, écrivait Merris, se moqueront de nous autres, mineurs du Cardigan, qui soutenons l’existence des Frappeurs. C’est une espèce de génies bons, mais insaisissables, qu’on ne voit pas, mais qu’on entend et qui nous semblent travailler dans les mines ; c’est-à-dire que le Frappeur est le type ou le précurseur du travail dans les mines, comme les rêves le sont de certains accidents qui nous arrivent : quand fut découverte la mine de Esgair y myn, les Frappeurs y travaillaient vigoureusement