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lement le salaire moyen des mineurs dans l’Albion varie entre 30 shellings et 2 livres par semaine. L’écart est sensible, mais il provient de ce que les mineurs sont payés à la tonne et non à la journée…

Une visite à l’Albion comportait de toute nécessité une descente dans la mine. J’étais curieux pour mon compte de comparer au sous-sol de nos mines françaises le sous-sol d’une mine britannique. Mais il ne me parut point qu’il y eût entre eux des différences bien marquées : c’est toujours le même réseau de galeries noires et humides, le même terrier de misère où instinctivement l’échine se courbe, la poitrine s’oppresse, la marche prend des allures de rampement.

De fait, il faut une certaine habitude pour secouer l’indéfinissable sensation d’étouffement qui saisit les plus courageux à la seule pensée de cette voûte de plusieurs millions de mètres cubes suspendue sur leur tête et misérablement étayée à sa couronne par quelques poteaux en sapin tronçonné. Mais cette barrière de bois fruste ne peut arrêter la transpiration du roc et l’on perçoit distinctement le bruit cristallin et doux des filets d’eau qui tombent du plafond ou qui s’égouttent le long des murs.

Tout au fond d’une galerie d’abattage, très loin, très haut, semble-t-il, une lampe brille : on ne voit point l’homme qui la porte, on n’entend point son pic, et la lumière de sa lampe, oscillant dans ces profondeurs, est pareille à une petite larme de diamant, au pleur mystérieux de l’Abîme. Brusquement une corne mugit dans les ténèbres : nous traversons une galerie de roulage.