Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/272

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Bon Français, quand je vois mon verre
Plein de ce vin couleur de feu,
Je dis en remerciant Dieu :
« Ils n’en ont pas (bis) en Angleterre. »


Eh bien si, ils en ont en Angleterre ; mais l’amour-propre national est seul capable de trouver quelque saveur à cette piquette hyperborée, dont la pièce se vend d’ailleurs des prix fous et qui est une curiosité plus qu’un régal de gourmets…

La voie s’étrangle entre de hautes collines, dominées elles-mêmes par la cime chauve du Garth-Hill. Nous traversons le village de Nantgarow, où l’on fabriqua jadis une porcelaine célèbre et qui a remplacé cette industrie par celle de l’encaustique et des briques émaillées ; nous longeons le Taff, dont les eaux noires clapotent sur un lit de cailloux blancs. Puis le paysage se brouille ; les ponts, les viaducs, les aqueducs, les voies ferrées et les canaux font une trame si compliquée qu’on ne s’y reconnaît plus. Je me souviens d’un endroit, entre Nantgarow et Pontypridd, il me semble, où trois lignes de chemin de fer et trois canaux aboutissaient de six points différents, se croisaient et se chevauchaient.

A Pontypridd, que nous visiterons au retour, nous quittons la grande ligne pour l’embranchement de l’Albion, où les trains de voyageurs ne pénètrent pas en temps normal. On attache notre car à une locomotive et nous voilà repartis, longeant de plus belle l’eau stygienne du Taff.

Des cheminées pointent de toutes parts ; une suie