Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.

deux mille moines, répartis en sept chœurs de trois cents voix, chantaient nuit et jour les louanges du Seigneur, « flambeau du juste, du vrai et du bien ».

Joignez que Llandaff est d’un accès ravissant. L’église n’est qu’à un mille et demi de Cathedral-Road, l’artère aristocratique de Cardiff, qui l’aurait bientôt rattrapée, n’étaient les admirables parcs qui bordent le Taff et dont le plus vaste, justement, fait ceinture au manoir du bishop diocésain. Une percée entre les ombrages de ce beau parc permet d’embrasser de fort loin l’ensemble du monument. Mais le parc est privé ; la route fait un coude, et il faut pousser jusqu’au village, lequel est perché sur un monticule à pic qui plonge sur le ravin où l’église est bâtie.

Cela gêne un peu la perspective. Nous nous consolâmes à la pensée de visiter enfin un vrai village gallois (car on ne pouvait donner ce nom à Penarth), et celui-ci nous eût vraiment satisfaits de tout point, — avec ses grands ormes, ses maisons basses en granit brut cerné de chaux blanche, ses portes cintrées, ses pignons pointus, surtout le vieux calvaire planté au milieu de la place dans une roche non dégrossie, — sans les éternels cottages néo-gothiques qui s’étaient glissés çà et là entre les anciennes habitations. Du moins l’un des côtés de la place sur quatre, occupé par les débris d’une tour et les ruines majestueuses d’un grand porche ogival, avait-il gardé tout son caractère. Un muretin bordait l’autre côté du quadrilatère qui restait vide et qui donnait sur l’église. Penchés sur le parapet, nous respirâmes longuement la noble fleur de pierre qui s’épanouissait à nos pieds, dans