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fin et qu’un service à vapeur relie au Pier de Penarth et, par Penarth, à Cardiff même.

C’est tout ce qui reste aux gens du monde, ce Pier, la jetée payante qu’on trouve sur toutes les plages britanniques et que défend le tourniquet de l’entrée. L’institution des péages est très répandue en Angleterre : elle a disparu de nos mœurs farouchement égalitaires. Reconnaissons qu’elle avait du bon. Et, par exemple, il est bien évident que la municipalité de Penarth n’eût point gaspillé ses guinées à échafauder cette belle jetée en eau profonde qui lui aurait coûté les yeux de la tête et ne lui aurait rien rapporté : un syndicat s’est substitué à elle, qui a pris tous les frais à sa charge. La jetée n’a pas coûté un penny à la ville, ce qui n’empêche qu’elle lui fera retour après quatre-vingt-dix-neuf ans, c’est-à-dire quand le bail du syndicat aura pris fin. En attendant, ledit syndicat n’a rien négligé pour attirer la clientèle riche, la seule qui compte. C’est toute une petite ville qu’un Pier. Fort large, avec des trottoirs à claire-voie, des rotondes vitrées où l’on peut toujours s’asseoir à contre-vent et les plus propres du monde à la rêverie solitaire et au flirt, il n’est sorte de commodités qu’on n’y trouve : boîtes aux lettres, débits de tabac, petites boutiques d’articles de plages, kiosques de journaux, etc. Mais peut-être s’y exagère-t-on la bonne volonté du public : il faut payer au tourniquet pour avoir l’accès du Pier ; il faut payer encore à un second tourniquet pour avoir l’accès du bateau de Weston. Et cela serait tolérable, sans doute, s’il ne fallait payer une troisième fois sur le bateau lui-même.