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terre galloise, dépouille le vieil homme pour revêtir les sentiments et, jusqu’à un certain point, l’esprit national du pays. Loin d’être noyé dans cet afflux étranger, l’élément indigène déborde sur lui et se l’assimile en quelque manière.

— Pensez-vous, demandai-je, que ce soit là un fait si rare et qu’il faille en attribuer le mérite aux seuls Gallois ?

— Rare ? Oui et non. On a souvent remarqué, et la remarque est juste, que l’Anglo-Saxon qui émigré aux colonies épouse avec la plus grande aisance les mœurs de sa nouvelle patrie d’adoption et s’y fait le champion enthousiaste des franchises qu’elle possède, ou prétend posséder. C’est tout le contraire du Français, qui veut tout de suite imposer ses manières de voir et traite de préjugés tout ce qui ne concorde pas avec elles. Seulement on avait affaire ici, non plus à une colonie proprement dite, mais à une partie intégrante de la couronne. Il faut vraiment que le Gallois, honni, persécuté comme il fut pendant plusieurs siècles, ait en lui une force d’assimilation toute spéciale pour avoir fini par conquérir ses propres adversaires. Les Eisteddfoddau ne sont qu’une manifestation de l’éveil national ; mais c’en est la manifestation oratoire, pompeuse et superficielle. Les Gallois ont obtenu des résultats autrement sérieux pour leurs écoles et leurs collèges. Ils veulent plus : d’abord le « désétablissement » de l’église anglicane, puis l’autonomie administrative, et je ne doute pas qu’ils ne les obtiennent à la longue. Pour subit qu’il ait été, le prodigieux développement économique de ce pays ne