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sulat, puis nous donnâmes au cocher l’adresse particulière du consul. Il était absent encore ou ne voulut point nous recevoir. Mais il fut éclairé bien vite sur nos sentiments véritables et nous fûmes avisés dans la soirée même qu’il nous rendrait notre visite le lendemain chez M. Barbier, dont l’hospitalière demeure servait de quartier général aux délégués bretons.

Nous vîmes un homme plein de simplicité, fort au courant de toutes les questions de son métier et qui s’excusa très aimablement du petit malentendu de la veille. Je profitai de sa présence pour lui demander quelques renseignements sur la colonie française de Cardiff.

— Elle est assez nombreuse, me dit-il, mais extrêmement mêlée. À peine si l’on y compte une douzaine de négociants faisant figure. J’avais l’intention de fonder un cercle français à Cardiff ; il m’a fallu y renoncer. C’est d’autant plus regrettable qu’il y aurait fort à faire ici pour des hommes intelligents et ayant le sens du commerce. Il y paraît assez à l’affluence des éléments étrangers qui se sont portés vers Cardiff depuis une vingtaine d’années. Toute ville neuve est par définition une ville accueillante. Celle-ci n’a point fini de s’étendre. Poussez un de ces jours jusqu’à Penarth. Il y a encore, entre Penarth et Cardiff, de vastes espaces, des terres nues et vagues, des prairies où l’on fait les foins. Revenez dans dix ans ; tout cela grouillera de maisons. Mais le plus curieux, c’est que, quoique l’élément anglo-saxon forme le gros de la conquête et que l’élément indigène n’y figure que comme appoint, l’émigrant de race anglaise, dès qu’il a pris pied sur la