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lequel est bâtie la ville et qui lui fera retour, avec les immeubles, au bout de quatre-vingt-dix neuf ans. Les biens du marquis couvrant un peu plus de trois lieues autour de Cardiff, il n’y a point à craindre que l’extension de la ville la soustraie quelque jour à son influence.

Présentement (car elle fait la boule d’année en année) la fortune du marquis de Bute est tout près d’atteindre 4 millions de livres sterling ou 100 millions de francs de revenu par an, ce qui lui laisse à dépenser, au calcul des bonnes gens, 2 shillings 6 pence ou 3 fr. 10 par seconde, 186 francs par minute, 11, 160 fr. par heure et 267, 840 francs par jour. Il faut reconnaître, d’ailleurs, que le marquis fait le plus noble emploi de cette colossale fortune. Déjà son père, dont une statue, trop emphatique peut-être, commémore les traits majestueux en face de l’ancien Town-House, avait doté la ville des immenses docks qui contribuèrent si puissamment à sa prospérité. Le beau parc de Sophia-Garden, que le Taff sépare de Cardiff-Castle, est également un cadeau de cette famille.

— Le nom des Bute est inséparable de notre histoire municipale, me disait un alderman. Il n’en est pas de plus vénéré ni qui mérite davantage cette vénération.

Il le faut bien pour qu’on oublie ce que les fanatiques appellent l’apostasie butienne, Butian apostasy. Né dans la religion protestante, le marquis de Bute, comme nombre d’autres grands seigneurs gallois, s’est fait catholique sur le tard. Il eût été curieux qu’on le lui osât reprocher publiquement, et plus curieux encore qu’on le lui pardonnât. L’indignation, qui était