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vires arrivant du large. On veut qu’ayant longtemps vécu dans le commerce des bardes, Robert se soit initié à leurs traditions et qu’il ait composé en l’honneur de ce chêne des tribannau qui nous ont été conservés :

« Ô chêne, debout sur le mur de la guerre que baignent des douves pleines de sang, malheur aux folles querelles nées de l’écume du vin !

« Ô chêne, debout sur le coteau jadis vert, rouge aujourd’hui du sang répandu, l’infortuné qui est dans les liens de la haine jette vers toi le cri de sa misère !

« Ô chêne, debout dans la plénitude de ta force, le sang crie vengeance, le sang crie malheur sur celui qui l’a répandu dans les combats !

« Ô chêne, debout près du ruisseau de la pelouse, l’ouragan a brisé tes branches orgueilleuses ; la haine et l’envie ont paralysé l’infortuné qui te parle.

« Ô chêne, debout sur la falaise chevelue, là où les vagues de la Severn répondent à la clameur du vent, je plains celui auquel l’expérience n’enseigne pas que la mort est douce.

« Ô chêne, debout sur les années de malheur, parmi les rudes émotions de la bataille, que n’est il entendu, celui qui supplie la mort d’abréger ses jours ! »

Après huit cents ans, le tragique bardit trouve encore un écho dans les cœurs.

Il paraît que la restauration du château actuel n’a pas coûté au marquis de Bute moins de 35 millions. Un beau chiffre pour vous et moi ; une bagatelle pour ce grand seigneur richissime, propriétaire emphytéotique de tout Cardiff, ou plutôt du terrain sur