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comme eussent pu faire ceux d’un lamantin ou d’un auroch préhistorique. Sur sa tête flottait la bannière bleue du Gorsedd, frappée d’un soleil d’or. Un héraut tenait à deux mains l’épée symbolique, formidablement haute, avec une poignée de cristal taillée dans un bloc du Snowdon. La coupe bardique, — le hirlaz, — merveille d’orfèverie, attendait sur un piédouche. On était là dans une sorte de cercle enchanté, que douze mégalithes en pudding ferrugineux, cravatés aux couleurs celtiques, — bleu, blanc, vert, — flanquaient de distance en distance. Le Gorsedd avait choisi, dans la délégation d’Écosse, d’Irlande, de Man et de Bretagne, un certain nombre de représentants qui devaient recevoir l’investiture bardique. Cette investiture comporte un assez long cérémonial. Le héraut du Gorsedd appelle les néophytes, l’un après l’autre, dans le cercle enchanté. Puis il leur remet une carte sur laquelle se trouvent écrits leurs noms et leurs qualités et qu’ils doivent compléter par l’inscription d’un autre nom qui deviendra leur nom bardique. Ils montent ensuite sur la pierre du Destin, où l’archidruide proclame ce nouveau nom aux quatre aires du vent ; après quoi ledit archidruide entoure le bras du néophyte d’un ruban de soie bleue. Les harpes vibrent à l’unisson. Deux jours après a lieu la cérémonie du baptême ; les nouveaux bardes reçoivent la robe et prononcent une allocution ou une poésie en langue celtique.

Nous nous conformâmes scrupuleusement au rituel. Et, quand nous ne l’eussions pas fait par courtoisie, nous l’eussions certainement fait sous le coup de l’espèce de terreur sacrée dont nous emplissait la pré-